Cap...Journal d'un Musulman Allemand (41)
Vêtus de la simple tenue blanche du pèlerin, nous entrons à la Grande Mosquée Al-Haram Al-Sharif face à la Kaaba au centre dune vaste place. C'est un moment dont même un Musulman ose à peine rêver avant qu'il n'arrive.
Quand on voit de ses propres yeux des monuments architecturaux ou naturels familiarisés par des photographes et des films, on est souvent profondément déçu. La vision ne s'accorde pas avec la réalité.
Dans ce cas c'est différent.
Il n ' y a pas d'effervescence commerciale autour de la Mosquée ni d'atmosphère surchauffée, sacrée au magique. Tout est lumineux, digne et intensément esthétique.
L'effet est hypnotique.
Nous savourons le précieux sentiment d'être bienvenus, totalement en sécurité parmi des frères. Ici semble se matérialiser ce que "Salam!" veut dire (que la paix soit avec vous).
Dignité, beauté, fois, universalisme.
Nous sommes partie d'une large unité cosmopolite. A la Mecque, les différences raciales disparaissent. C'est durant la prière, quand je m'incline que je comprends au vu des différentes couleurs des pieds que toutes les races et tous les continents sont présents.
La Kaaba prototype de tout objet tridimensionnel, dans son absolue simplicité, est la réponse parfait de l'Islam à la quête d'un symbole visuel de Dieu. Si ceci demande comme le remarque Ibn Sina, la simplicité au plus haut degré, alors ce cube vide, pars décoré, rude, le symbleise mieux que n'importe quelle autre idée architecturale réalisable.
La kaaba représente un "Still point", un centre immobile, et sert en celà de Qibla (point focal d'orientation pour la prière), ancre symbolique d'une religion mondiale que ne sait que trop bien que Dieu n'est ni à l'ouest ni à l'Est mais au-dessus des contingences du temps et de l'espace.
Devant cette solution architecturale pour la Maison de Dieu, les cathédrales Gothiques et les églises Baroques me paraissant comme des bibelots.
Après les sept tours rituels autour de la Kaaba (Tawwaf) sous un ciel brillant d'étoiles -qelle autre religion dont le tempérament a est autant en harmonie aux temples ouverts?- nous nous arrêtons à la Pierre Noire (El-Hadar Al-Aswad), placée ici par Mohammed, l'objet de tant de baisers et de supplications. Cette habitude est à la source de plus d'un préjudice causé par des gens qui ne considéraient jamais que les pèlerins chrétiens à Rome s'engagent dans l'adoration d'un morceau de métal quand ils embrassent l'orteil de St. Pierre qui en devient, chaque année, un peu plus petit.
Personne ne devrait nourrir une telle supposition en voyant ces pèlerins à la Mecque (bien que des idoles en pierre furent, en effet, fort populaires dans l'Arabie pré-Islamique). Il y a toujours ce danger de voir de symboles reprendre une vie hors contexte. Certes. Mais il n'en est pas constamment ainsi, et personnellement, je reste confiant quant au Hajar Al -Aswad. En effet, chaque Allahu Akbar (Dieu seul est grand), (selon la traduction de Lawrence d'Arabie) est un vivant démenti à la présumée a adoration de cette simple pierre noire.
La semaine prochaine : Pélerinage à la Mecque
La Mecque, le 20 décembre 1982 (suite)
Voir aussi :
Cap...Journal d'un Musulman Allemand (40)
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