Cap...Journal d'un Musulman Allemand (4)
Même les experts renommés de l'art de l’architecture islamique Ernest Kuhnel, Katharina Otto-Dorn, Alfred Renz
trouvent particulièrement difficile de définir leur sujet. L'opinion de Oleg Grabar, adoptée par la majorité, est que les artistes musulmans, vu leur éducation et leurs contacts avec des cultures
de Syrie, de Byzance de la Perse t des tribus turcs, ont été si éclectiques qu'un seul élément, à savoir l'usage décoratif de la calligraphie arabe, peut être considéré comme la marque
distinctive de l'art islamique.
Cependant même les enfants peuvent repérer avec précision que les objets d’art islamique appartiennent à une
catégorie spécifique. Il n'y a, bien entendu, aucun mouvement artistique, y compris l'art gothique, qui démarra de zéro. L'art islamique également ne connait pas d'heure zéro mais assimile en se
développant. L'islam est, cependant, une religion capable de traduire des éléments spécifiques de la fois en principes esthétiques.
Il est donc vrai que l'art islamique la représentation de paysages et de la décoration intérieure, en dépit de leur
grande diversité, dégagent un sentiment distinct de l’espace islamique, allant du grandiose à l’intime.
Cette impression peut être ressentie par exemple, devant l'édifice de l'Alhambra, les cours de Grenade ou
devant certaines mosquées caractéristiques comme celles de Cordoue, Kairouan, le Caire et, en particulier, à Istanbul avec ses mosquées de Suleyman yue, Sultanahmed, Rustem Pacha et de
Sokollu Mehmet Pacha. Ceci est également vrai pour les jardins de l'Alhambra et le district du Haram à la Mecque.
Plusieurs facteurs concrets ont contribué à conférer cette qualité distinctive à l'art
islamique:
L'idéal de modestie dans l'apparence extérieure des palais musulmans; dans le
même but la belle musulmane met une voile en sortant de sa maison.
La structure démocratique et antihiérarchique qui domine la disposition
des salles de prière;
Le haut degré d'abstraction (en conformité avec l'image non thropmorphique
de Dieu en Islam);
Les dimensions humaines dans la configuration architecturale reflétant
l'intérêt de l'Islam pour les notions telle que : équilibre, sobriété et la poursuite du juste milieu dans tous les domaines;
La clarté anti-magique des salles utilisées pour ma prière rituelle (ce
qui démontre l'absence de liturgie, sacrement et mystère en Islam);
La configuration des jardins (selon les descriptions coraniques du
Paradis).
Se retrouver dans ces espaces donne une sensation d'élévation spirituelle dans le plein sens du mot. Celui qui ne
sait pas prier dans une telle mosquée ne saura pas prier dans une cathédrale.
L'absence d’images représentant des personnages humains ou (sacrilège!) de Dieu dans un environnement islamique est
moins due aux prescriptions coraniques que de la crainte de fétichisme et de l'iddatrie.
L'abstraction, comme dans le forme d'innombrables arabesques entrelacées, aide l'esprit à se concentrer sur ce qui
est indescriptible, indéfinissable, insondable, intouchable à saisir : Dieu.
Les illustrations ne sont pas un instrument utile pour enrichir notre réflexion métaphysique. Au contraire, elles
réduisent notre imagination.
Le lundi prochain : V - La Tolérance comme abnégation
Cambridge, Massachussets, 4 juin 1960
Pour les prochaines semaines ;
VI - Le langage de Dieu?
Ghardaia, 9 avril 1962
VII - De l'alcool pour la patrie
Algérie, le 3 mai 1962
VIII- La solution
Alger, 28 mai 1962
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