Cap...Journal d'un Musulman Allemand (12)
De retour de la 8ème Compétition Internationale du Ballet à Varna sur la côte bulgare de la Mer Noire - les Olympiades officieuses du monde de la danse- je découvris à Sofia une petite église en-dessous du niveau de la rue comme si elle s’enfonçait dans un fossé. Ce curieux édifice, Ste Petra Samarjinska, est une attraction majeure de la capitale Bulgare, construite à l'époque où le pays faisant partie de l'Empire Ottoman. Mon guide interpréta cette singulière position d'une église comme une preuve de la discrimination musulmane contre une minorité chrétienne. Je vois la question sous un autre angle.
Je sais, après tout, que les Chrétiens espagnoles, après la Reconquista, avaient brutalement détruit une à une, toutes les mosquées - de Malaga, à Grenade, et de Séville à Tolède. Le magnifique édifice de Cordoue a été sauvé, dans un état mutilé, seulement parce qu'il pouvait être transformé en cathédrale, Comme plus tard, au 19ème siècle, la Mosquée du Vendredi à Alger allait subir le même sort.
Je sais aussi qu'il est inutile de chercher une des centaines de mosquées qui existaient autrefois en Serbie et en Grèce sous l'Empire Turc. A Belgrade, seule une toute petite mosquée, sans aucun intérêt architecturale, a été sauvé e ne fut pas rasée comme toutes les autres.
Quel remarquable contraste : les conquérants musulmans sont, non seulement, permis le culte chrétien dans lés églises qui existaient, mais ils ont permis aussi l'édification d'églises en plus sous l’administration islamique.
Grâce à cette tolérance, les touristes peuvent toujours admirer des bijoux comme la fameuse Eglise Byzantine de Chora(Kariye Cami) et les cathédrales Gréco-orthodoxes et Arméniennes à Istanbul.
Si l'intolérance chrétienne avait été un modèle islamique que serait-il resté aujourd'hui des monastères et des églises serbes au bord du Lac Ohrid, de Gracania, de Decani, de Sopocani, de Pec et Studenica et de la majestueuse Sainte Sophie à Istanbul?
La nette différence entre l'intolérance chrétienne et la tolérance islamique se base sur la stricte injonction du Coran de tolérer les fidèles des autres "communautés du Livre"(ahl al kitabe), et qui a été développée dans un code détaillé de la loi protégeant, à la fois les minorités et les étrangers. Le verset 256 d'al-Baqarra énonce d'une manière absolue : "Point de contrainte en matière de religion". Un véritable pluralisme religieux est même préconisé dans la Sourate 5, verset 48, en tant que compétition utile entre les pieux devant leur Seigneur. La sourate 42, verst8, est encore plus explicite : "Si Dieu avait voulu, il n'aurait établi qu'une seule communauté ...".
Une telle tolérance est mieux comprise quand on s'aperçoit que les Musulmans voient Jésus comme le plus grand des Prophètes dans la tradition Juive "...ce que Nous te révélons (O Mohammed) c'est ce que Nous avons recommandé à Abraham ; à Moise; à Jésus..."(42:13).
Sous la loi libérale islamique réglementant les droits et privilèges des minorités, les Chrétiens étaient autorisés à à organiser leur communauté et à pratiquer la notion "d'abjection de conscience" les non-Musulmans, étaient dispensé du service militaire en payant à sa place une modeste capitation (jizyah).
Comme les juifs sous administration chrétienne, les sujets protégés (dhimmis) dans les pays musulmans devaient porter des vêtements spécifiques. Ils ne pouvaient pas prétendre à une carrière gouvernementale ou militaire. Mais ils pouvaient faire du commerce et exercer dans les arts et métiers. Ils étaient aussi autorisés à produire et à consommer le porc et le vin.
Selon la loi islamique (figh)- comme sous la loi romaine- les contrats et traités doivent être observés dans distinction de la confession du partenaire.
Hélas! Non seulement en théorie, mais en pratique, les abominables Croisades ont souvent provoqué une considérable détérioration du sort des Chrétiens sous autorité musulmane. Par conséquent', en plein Moyen-âge, les non-Musulmans étaient empêchés de construire des églises aussi élevées que les mosquées à proximité-voir l'exemple de la cuiseuse position, enfoncée, de Ste Petra Samarinska!
Il est vrai que les juristes de l'école Shafi'te, à un moment donné, interdisaient aussi le carillonnement des églises.
Quels poids, cependant, peut avoir une telle discrimination-relative- par rapport au fait que les souverains Chrétiens ont, non seulement banni l’appel à la prière du muezzin mais l'Islam en tant que tel.
Le lundi prochain : Jeune à la Montre Belgrade,Ramadan 1977
Voir aussi :
Cap...Journal d'un Musulman Allemand (11)
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