Cap...Journal d'un Musulman Allemand (10)
Interrompant note long vol sur Tokyo et Kyoto pour participer aux consultations entre les responsables allemands et japonais de la planification de la politique extérieure, j'ai fait escale avec le Dr.Dirk Oncken à Hong-Kong.
Survolant le Vietnam, il nous a été possible de voir de très haut des raids aériens américains contre la fameuse piste Ho Chi Minh. Scène surréaliste car, à ce moment même, une hôtesse d'Air France nous servit un plat de Haute cuisine préparé par le Ritz à Paris.
Hong Kong, la dernière colonie, britannique, est en ces temps une étape particulière pour des troupes qui, dernière le front, trouvent, en toute sécurité, une "zone de récréation". Quelqu’un a certainement crié haut et clairement : "Prostituées de tous les pays, unissez-vous".
En tant que touriste occidental, il ne m’était pas facile, lors des promenades au centre-ville de chasser ces filles. C'était particulièrement déchirant quand une adolescente chinoise s'est accrochée à moi avec une insistance désespérée ;"Pour un Dollar seulement, Monsieur!" Vue la concurrence et afin de gagner assez d'argent, ces filles étaient prêtes à se livrer à toutes les perversions imaginables.
De ce fait, les forces américaines subissaient déjà en ces jours précédant le Sida autant de ^pertes dûes à des maladies vénériennes qu'à la véritable guerre en Indochine.
Toutes les fois qu'une décadence sexuelle provoque des problèmes pour les masses, la réaction chrétienne est prévisible. Au début, il y a une admonestation morale; quelques-uns voyaient mêmes les homosexuels et les toxicomanes comme victimes d'une vengeance divine bien méritée. Plus tard, avec des explications médicales plus plausibles, de telles analyses métaphysiques et donc irrationnelles sont abandonnées.
Maintenant, les Chrétiens se rappellent qu'ils sont plutôt tenus de montrer de la compassion envers les prochains, qu'ils se soient eux-mêmes infligés ou non leurs souffrances.
Les musulmans voient ce problème d'une manière un peu plus sereine.
Ils savent que les règles révélées par Dieu pour la conduite humaine ne sont pas faites pour Lui mais pour l'homme. En effet, que les gens respectent ou non ces normes "morales" ou "éthiques" es totalement sans conséquences pour Lui. Comme l'adit 'Abd al-Qadir Jilani, appuyé par Ibn 'Arabi : "Dieu est riches sans Sa création".
S'ils respectent ces normes, les être humains se font une faveur à eux-mêmes; s'ils ne les respectent pas, ils se font tort à eux -mêmes Ni plus, ni moins.
Prenons le cas d'un conducteur ivre qui heurte un arbre ou d'un bisexuel qui acquiert le Sida et le transmet à son innocent femme : les mécanismes sont les mêmes. Ce ne sont nullement des "punitions" ou des "sanctions", mais de simples conséquences naturelles d'une vie en opposition à l'ordre évident de la réalité dont nous faisons partie.
Dans cette perspective, il est hautement approprié que la racine linguistique du code de conduite islmanqie- la Shari'a- signifie "chemin".
Demeurer dans ce chemin est l'invocation la plus fréquemment réitérée par les Musulmans : chaque fois qu'ils récitent la Sourate d'ouverture du coran la Fatiha, ils prient d’être guidés dans le "droit chemin".
Le lundi prochain : IIIX : Sur les traces des arius
Vienne, le 2 novembre 1974
Voir aussi :
Cap...Journal d'un Musulman Allemand (9)
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