Cap...Journal d'un Musulman Allemand (30)
A la salle de Beethoven de Bonn, les Derviches Tourneurs de Konya sont présentés comme s'ils étaient un ensemble de danse exotique. Par conséquent, beaucoup parmi le public s'attendaient plus à un extatique tourbillon de danseurs Dionysiaques, sinon orgiaques, qu'à la cérémonie contemplative et spirituelle qu'ils virent.
Les Acteurs des citadins monacaux mais mariés- sont l'exact contraire; ils représentent l'apogée classique dans la poésie et la musique religieuse de Turquie.
Leur cérémonie commence par un chant d'éloge Perse de Jalaluddin Rumi, interprété par un Hafiz aveugle, Kani Karaca, avec une imposante mais implorante voix basso profundo.
Les Derviches Mevlevi dans leurs costumes riches en symboles entrent sans bruit : leurs chapeaux feutres côniques (sikke) représentent des pierres tombales; leurs kaftans noirs évoquent l'obscurité du tombeau; et leurs vestons blancs et jupes baléro, portés en-dessous, rappellent les linceul.
Les Derviches fond d’abord trois fois le tour de la salle à pas irréguliers et tardifs. Passant prés de leur cheikh à la place d'honneur (post) ils se placent de façon à se saluer mutuellement avec le derviche suivant. Ils s'inclinent profondément quand ils embrassent la main du Cheikh; lui s'incline légèrement et embrasse leur sikke.
C'est ensuite seulement que les Mevlevi commencent à tournoyer tenant d'abord leurs bras croisé, avec leurs
mains sur les épaules. Aussitôt, cependant, s'ouvrent leurs bras, la paume droite tendue au ciel, la gauche tournée vers le sol. (Tout vient de Dieu, du ciel; tout ce qu'il reçoit, le derviche le
cède bienveillamment à son prochain). Les derviches tournent sereinement, sans effort, au même rythme, à la même place ou en se déplaçant.
Un critique de ballet qualifierait leurs mouvements comme des tours vers la gauche, en dedans, durant un décompte de quatre-
la préparation (changements de pieds) prenant trois temps, se complétant en un quantième temps par une rotation de la jambe droite. Il est difficile à croire mais ces derviches continuent
leur routine durant 20-25 minutes, ne montrant aucune trace de sueur, de vertige ou d'essoufflement.
Ces mystiques ont parfois été décrits comme des papillons blancs ou des planètes en rotation autour d'un centre spirituel. Il n' y a pas à s'étonner. Qui peut les regarder sans être hypnotisé par leur paisible rotation en vagues régulières.
On est maintenant prêt à comprendre une méthode hautement raffinée pour inciter physiquement l'extase religieuse au nom de l'Islam.
Leur vieux Cheikh, Selman Tuzun, grâce à sa formidable autorité a une exceptionnelle présence sur scène. Sa propre rotation est délicate au mouvement lent, comme en transe, bien qu'avec un grand impact visuel.
Enfin, le public, jusqu'au dernier homme et à la dernière femme, réalise que ceci n'est pas le pénible spectacle habituel d'un vieux danseur narcissiste qui refuse de se retirer.
Ce dont nous sommes les témoins est un charisme sans âge, nourri par l'ascétisme.
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La suite, septembre prochain In chaa Allah.
Voir aussi :
Cap...Journal d'un Musulman Allemand (29)
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