Cap...Journal d'un Musulman Allemand (6)
Au bar de l'unique hôtel de l'oasis, je m'étais assis, par hasard, à côté d'un homme originaire de cette région du M'zab. Bien qu'il supportait difficilement le refroidissement de l’air malgré son épais burnous en laine, nous engageâmes une brève conversation en évitant soigneusement d’évoquer la tragique guerre d'Algérie qui se déroulait dehors.
Mais quand je lui ai dit que je venais juste de terminer la lecture de la traduction française du Coran (O.Peste/Ahmed Tidjani, le Coran Paris 1954), mon voisin devin silencieux e même hostile. Je réalisais alors, qu'adhérent à l'interprétation stricte des Mozabites de l'Islam, cet homme considérait que je participais à un sacrilège commis par ceux, qui en traduisant, manipulent le message de Dieu comme il avait été reçu par Mohammed via l'Ange Gabriel en langue Arabe, et dans aucune autre langue.
Constatant une si violente réaction à rein d'autre qu'un simple effort de traduction, je commençais à comprendre une autre observation faite alors que je circulais dans les rues étroites et tortueuses de Ghardaïa. A travers les fenêtres ouvertes des écoles (Medersa) j'avais entendu les vois aigues des enfants récitant des verstes coraniques en Arabe; une langue que ces jeunes enfants Berbères pouvaient à peine déchiffrer.
Une telle insistance à conserver le Coran dans son arabe originel n'est pas du tout primitif. Bien au contraire, ceci est logique si l'on conçoit que le Coran "incarne" le vrai message de Dieu, complet et authentique. Pourvu de cette qualité, le statut du Coran dépasse de loin celui de n'importe quel autre texte, et même n'importe quelle partie de la compilation dite Nouveau Testament. Il s'agit là de la différence nette entre un document original de la littérature interprétative secondaire.
Avec cet arrière-plan et devant les malheureuses expériences de traductions tendancielles de L'Evangile de l'Araméen via la Grec puis le Latin, jusqu'en Anglais, Français ou Allemand, est –il donc si étonnant que les Musulmans traitent même le plus petit extrait du Coran avec vénération et ne touchent qu'avec le corps et les mains propres?
Nous devrions également savoir que les philosophes musulmans connaissant Aristote, avaient déjà déduit du fait que Dieu est Eternel. Parfait, Immuable et Omniscient, que Sa Parole (logos) doit également être éternelle, existant donc avant d'être révélée, avant d'avoir "apparue" dans l'histoire humaine dans les annés 610-632.
Cette question de savoir si le Coran a été créé ou es essentiellement un crée-a divisé par le passé les savants musulmans de la même manière que leurs pairs Chrétiens furent divisés sur la question de la création ou de l'éternité du monde.
Tout de même, il n'est pas nécessaire de croire naïvement que la langue de Dieu est l'Arabe. Le prophète Mohammed a reçu le révélation coranique dans cette langue pour la simple raison que lui, un Arabe prêchant parmi les Arabes, ne connaissait pas d'autres langues.
Il n'est pas non plus valable de considérer la traduction du Livre come un sacrilège tant que le résultat n'est pas présenté comme un substitut ou un équivalent de l'original.
Pour cette raison, les traduction effectuées par des Musulmans paraissent généralement soud des titres comme " le message ( ou la signification) du Coran" et reproduisent le texte Arabe avec la traduction.
Après d'innombrables tentatives, c'est une bonne question de s'interroger si quelqu'un pourra un jour réaliser une traduction complètement "identique " du Coran.
Cela semble improbable. Je dirais : exclu.
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Algérie, le 3 mai 1962
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Alger, 28 mai 1962
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