Cap...Mémoires d'hier et regard d'aujourd'hui (VI)
Je vous invite à voir & revoir la sixième partie des mémoires de Monsieur Abdelmalek Belhadj-Mostepha publiée le 30/07/2007.
- A Constantine
C'est également durant cette année 58 ,et un certain 13 mai que, remontant la rue Georges Clémenceau , et ratissant large, les soldats de l'armée française nous poussèrent , contraints et forcés, pour nous parquer sur la place de la Brèche. Ce jour -là le général De Gaulle, du haut du balcon du Théâtre Municipal, devant annoncer son Plan de Constantine et , si mes souvenirs sont exacts, lancer son mémorable "Je vous ai compris ".
Sur le plan professionnel, j'avais sollicité mon passage du primaire à l'enseignement moyen. L'administration donna satisfaction, mais seulement pour enseigner une matière que ni français ni juif ne pouvaient dispenser: la langue arabe, considérée alors comme langue étrangère. Nous étions trois algériens, chargés de la même tache sur une trentaine de professeurs au CEG de stade Turpin, aujourd'hui Benabdelmalek.
Habitant assez loin de l'établissement, je décidai d'acquérir une petite voiture à deux places, une Vespa 400, mais pour y parvenir, il fallait traverser le quartier Saint- Jean, fief des européens et plus tard de l'O.A.S
Vespa 400, tiré du site:www.ma-vespa-400.com
Tous les matins, je faisais ma prière et je ne savais pas si j'allais rentrer le soir. Combien de vois avons-nous aussi, mes élèves, et moi dû rester enfermés dans une classe pendant la pause de midi pour ne pas nous retrouver nez à nez avec des forcenés remontant du cimetière européen après avoir enterré un des leurs, assassiné .
Une autre embûche se présenta également devant moi. Le bureau de bien faisance situé dans ma rue venait d' être squatté par une S.A.U ( section administrative urbaine ) ou services psychologiques de l'armée française dirigés par un capitaine. Celui- ci, me voyant passer matin et soir pour me rendre à mon travail, finit par m'appeler un jour .
Dans la ville , des informations circulaient pour dire que la France cherchait à organiser une troisième force ! Ignorant tout ce que supposait cette idée, je me rendis chez le capitaine et m'aperçois qu'il était au courant de tous mes faits et gestes et de toutes les informations me concernant.
Il me reçut correctement, me fit asseoir puis me dit :" je vous observe depuis quelques jours, vous me semblez être un garçon sérieux, je vous propose de vous faire suivre une formation dans l'Ecole Nationale d'Administration en France pour devenir après Sous- Préfet " . Interloqué par cette proposition à laquelle je ne m'attendais pas du tout, je remerciai poliment de cette sollicitude et demandai à réflèchir .Plusieurs jours passèrent sans que je communiquai ma réponse. Le capitaine me rappela . Alors, tenaillé par la peu de la réaction qu'allait provoquer ma réponse, je dis, presque en balbutiant :" Vous savez, mon capitaine, j'aime les enfants, j'ai choisi mon métier par vocation et je ne me vois pas dans la peau d'un administrateur ".
Il me fixa longuement, et je compris qu'il avait compris....
Le 5 Juillet 1962 arriva enfin,.....................